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Le Capital Relationnel

Question n°22

Nicolas Thély :

Dans son roman Les années vides (Gallimard, 1990), le critique de rock Michka Assayas raconte comment vers la fin des années 1970, à l’époque de ses années lycées, il passait des heures à écouter de la musique dans sa chambre : « Mes loisirs, je les passais à rester assis dans ma chambre, incapable de me concentrer sur rien. Je ne savais pas dessiner, j’étais trop maladroit pour bricoler, et lire m’impatientait. J’achetais et écoutais des disques, presque tous bons, aujourd’hui, pour le panier. Tordu sur ma guitare, dont je savais à peine jouer, je balbutiais des paro-­ les en anglais imaginaire, comme en état d’hypnose.» On a ici une vision de la chambre entendue comme un lieu d’isolement volontaire...


Dominique Pasquier :

Aujourd’hui, même si on est isolé dans sa chambre, au bout de cinq minutes il y a quelque chose qui va automatiquement sonner, soit MSN, soit le portable. On ne coupe pas les liens avec les autres. C’est très mal élevé de ne pas allumer son portable quand on est ado. On est alors considéré comme le mec ou la nana qui a des problèmes, qui ne veut pas qu’on le joigne. Ce n’est pas très admis. Ne pas avoir de téléphone, cela éveille les soupçons (‘‘il n’a peut-être pas d’amis’’), et celui qui ne répond pas tout le temps ou qui l’éteint, c’est quelqu’un qui a peut-être ‘‘des problèmes dans sa tête’’. Á tout moment, il est normal d’être disponible pour des conversations.

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